13 septembre 2024
8 décembre 2020
Parmi les publics touchés les plus violemment par la crise économique et sociale se distinguent les jeunes de 18 à 25 ans, notamment celles et ceux sans aide familiale et ayant perdu leur emploi, parfois occupé en parallèle de leurs études[1], souvent des contrats courts et emplois intérimaires et qui représentent une grande partie des centaines de milliers d’emplois supprimés entre mars et juin 2020[2]. Suppression de stages, arrivée sur un marché du travail dégradé laissant moins de place encore aux personnes sans expérience professionnelle et/ou pas ou peu qualifiées, nombre de jeunes se retrouvent en 2020 en très grande difficulté économique et sociale. Elles et ils rejoignent les rangs des jeunes déjà précaires, sans ressource, sans soutien familial et à qui l’on refuse le droit de bénéficier, comme l’intégralité de la population de plus de 25 ans en France sur seule condition de ressource, du revenu de solidarité active[3] qui leur permettrait de disposer d’un minimum pour vivre, manger, se loger dignement. En 2017, plus de la moitié des personnes pauvres[4] avaient moins de 30 ans, dont près de 21% avaient entre 18 et 29 ans. En 2018, plusieurs dizaines de milliers de jeunes étaient hébergés en centres d’hébergement, dans des dispositifs d’hébergement d’urgence, à l’hôtel… Entre 2002 et 2018, le taux de pauvreté des 18 à 29 ans a progressé de plus de 50 %[5]. La précarisation des jeunes de 18 à 25 ans a donc été fortement aggravée par la crise sanitaire, qui n’en constitue toutefois pas l’unique origine.
Quelles réponses de l’Etat à la précarisation des jeunes ?
Face au constat de l’augmentation du public de moins de 25 ans dans le secteur de l’AHI, notamment auprès des associations en charge des distributions d’aide alimentaire qui témoignent d’une évidente augmentation de la fréquentation des jeunes, la Fédération des acteurs de la solidarité a demandé notamment :
Après le lancement du Plan 1 Jeune 1 solution, contenant un certain nombre de mesures dont certaines, notamment des aides à l’embauche et des primes au recrutement de jeunes de moins de 26 ans en alternance, sont entrées en vigueur dès septembre, le gouvernement a annoncé le 26 novembre dernier de nouvelles mesures destinées à soutenir spécifiquement les jeunes :
Si la volonté de renforcer les mesures d’aide au public 18-25 ans doit être saluée, plusieurs questions demeurent. Les annonces successives de mesures visant les jeunes manquent globalement de lisibilité, ce qui laisse à craindre un fort effet de non-recours, phénomène déjà bien identifié pour le public de moins de 25 ans. Par ailleurs, ces nouvelles annonces laissent une question en suspens : quid des jeunes précaires non engagés dans un parcours d’insertion ? Sans revenu ou très faible, rencontrant des difficultés pour se loger, sans domicile, hébergés, en squat, en errance, parfois en rejet des institutions… Les jeunes les plus précaires, appelés « invisibles » car non-identifiés par les acteurs sociaux ou ne souhaitant pas adhérer à un parcours d’insertion, semblent être exclu.e.s des nouvelles aides annoncées.
Au-delà de ces indispensables mesures conjoncturelles et comme l’a rappelé le Bureau du CESE dans la déclaration intitulée « Jeunes, le devoir d’avenir » adoptée le 1er décembre dernier, la réponse à la précarisation des 18-25 ans doit nécessairement passer par une réforme structurelle des politiques de jeunesse, demande que la Fédération et la majorité des acteurs agissant auprès des jeunes n’ont cessé de formuler depuis des années.
La Fédération des acteurs de la solidarité appelle d’une part à un renforcement immédiat des mesures d’urgence pour les jeunes les plus précaires qui ne sont intégrés dans aucun parcours d’insertion, et d’autre part à réparer l’inexplicable discrimination faite aux jeunes de moins de 25 ans en matière de protection sociale en permettant à toute personne de bénéficier, dès l’âge de la majorité, d’un revenu minimum assorti d’un accompagnement adapté à ses besoins.
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[1] En 2017, près d’un.e étudiant.e sur deux exerçait une activité rémunérée en parallèle de ses études selon l’enquête sur les conditions de vie des étudiant·e·s menée par l’Observatoire national de la vie étudiante
[2] En 2020, 9 % des 15-24 ans en emploi avant le confinement ont perdu leur activité contre mois de 2% des 40-65 ans, France, portrait social, édition 2020, INSEE
[3] Cela concerne la majeure partie du public de moins de 25 ans, le RSA étant ouvert avant 25 ans sous certaines conditions restrictives
[4] En dessous du seuil de 50% du niveau de vie médian
[5] Rapport sur la pauvreté en France, 2e édition 2020-202, Observatoire des inégalités
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