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12 janvier 2022

1 000 premiers jours de l’enfant : un an après le rapport d’experts, quelles évolutions pour la politique publique de la petite enfance ?

Suite au rapport d’experts « les 1 000 premiers jours : là où tout commence » publié en 2020, plusieurs chantiers de travail ont été lancés afin de structurer la politique publique des 1 000 premiers jours, et plusieurs décisions ont été mises en œuvre entre 2020 et 2021. Toutefois un investissement significatif pour la petite enfance reste nécessaire afin de renforcer la dimension préventive des politiques publiques actuelles. 

De premiers actes : allongement du congé parental, application mobile « 1 000 premiers jours »

Décidée dans le cadre du PLFSS de l’année 2020, l’allongement du congé parental du deuxième parent à 4 semaines, s’il n’atteint pas les recommandations du rapport Cyrulnik qui préconisait 9 semaines, représente une avancée pour l’égalité femmes-hommes et pour l’exercice d’une parentalité partagée.

En 2021, un site internet, ainsi qu’une application mobile des « 1 000 premiers jours » ont été lancés, accompagnés d’une campagne de communication à destination de tous les parents (sous réserve de maitrise de la langue française, ni le site ni l’application ne faisant l’objet de traductions). Ces outils ont pour objectif de centraliser des informations fiables sur les questions que peuvent se poser les parents dans cette période des 1000 premiers jours de l’enfant (des 4 mois de grossesse aux 2 ans de l’enfant). Un livret des 1000 premiers jours, uniquement disponible en français, est par ailleurs adressé aux parents par les Caf depuis octobre 2021 en réponse à toute déclaration de grossesse.

Des projets financés par les DREETS et/ou les ARS pour accompagner les familles et leurs enfants

En 2021, les agences régionales de santé (ARS) et les directions régionales de l’économie, de l’emploi et des solidarités (DREETS) ont été invitées par le ministre des solidarités et de la santé à lancer des appels à projet relatifs à la petite enfance et à cette période clé des 1000 premiers jours. A cette occasion, 6 axes prioritaires ont été définis :

  1. Repérage des situations de fragilité et accompagnement des parents sans rupture tout au long des 1000 premiers jours ;
  2. Développement d’actions en promotion de la santé pour les plus petits ;
  3. Prévention de l’isolement et de l’épuisement des parents, notamment des mères en post-partum ;
  4. Aménagement des lieux et de l’offre pour favoriser l’éveil culturel et artistique des tout-petits, notamment des plus défavorisés ;
  5. Conciliation des temps entre vie professionnelle et parentalité ;
  6. Place du père ou du second parent.

De nombreux projets ont été sélectionnés parmi les lauréats de cet appel à projets, dont plusieurs portés par des adhérents de la Fédération. L’ensemble des projets est disponible sur la page du ministère dédiée à cet AAP, avec une classification par axe prioritaire et par région : consulter le tableau récapitulatif des projets 1000 jours sélectionnés (« Téléchargez la liste des lauréats 1000 premiers jours » en bas de page).

Plusieurs projets portent une attention spécifique à l’accueil et l’accompagnement de personnes pouvant être éloignées des services de droit commun en termes de soutien à la parentalité et de recours aux solutions existantes, dont en particulier des personnes en situation de pauvreté, des mères isolées, des familles migrantes primo-arrivantes. On trouvera ainsi des projets visant à la mise en place d’activités d’éveil artistique, culturel, musical, etc., à favoriser la montée en compétence des professionnel.les de la petite enfance, ainsi que des élus municipaux s’agissant d’un accueil universel adapté aux besoins de toutes et tous, la mise en place d’actions de soutien à la parentalité au sein de structures d’hébergement ou à destination de personnes hébergées via des nuitées hôtelières, via notamment le recrutement de professionnel.les spécialisé.es.

La mise en œuvre de ces projets s’inscrit par ailleurs dans le cadre du déploiement de la Stratégie pauvreté, avec la sélection de projets « Accueil pour tous », visant à permettre un accueil de jeunes enfants issus de familles pauvres via les différents modes de garde existants, ainsi que la formation des professionnel.les de la petite enfance « Enfance=Egalité », dont plusieurs des modules visent à améliorer l’accueil des jeunes enfants précaires. Consulter, sur le site de la fédération, les résultats de l’appel à manifestation d’intérêt « Accueil pour tous » et les informations relatives à la formation des professionnel.les de la petite enfance.

Des expérimentations à venir : sac et maisons des 1000 premiers jours

S’inspirant du modèle finlandais de la « boîte bébé », un « sac des 1000 premiers jours » sera expérimenté en 2022. Remis à la maternité, ce sac sera dans un premier temps distribué à partir de mars 2022 en France métropolitaine, dans les communes comportant au moins un quartier de la politique de la ville ou bien située en zone de revitalisation rurale. Le sac contiendra : une turbulette (favoriser un sommeil en sécurité et prévenir la mort subite du nourrisson), un savon naturel (éviter l’exposition aux produits chimiques et prévenir les accidents domestiques), un bavoir accompagné d’un guide de la diversification alimentaire, un album jeunesse, et une crème hydratante destinée à la mère. La sac sera accompagné d’un carnet de bienvenue qui contiendra des conseils de sécurité, des recommandations autour de l’échange avec son enfant, et des références de quelques services, professionnel.les et ressources en ligne qui peuvent être mobilisés.

Une autre expérimentation est celle de la mise en place de « Maisons des 1000 premiers jours », issues d’une recommandation du comité d’experts. Le gouvernement a souhaité encourager la mise en œuvre de « maison des 1000 jours » sous une forme relativement libre : l’objectif global de ces « maisons » est de regrouper des services pour simplifier la vie des parents et le recours à des professionnel.les, toutefois, chaque maison des 1000 jours pourra pour l’heure proposer son propre pane de service, selon les partenariats existants ou en projet. Elle pourra aussi se présenter sous une forme itinérante, dans une perspective d’aller-vers, pour susciter la demande et se rapprocher des lieux de vie des (futurs) parents. Il n’existe donc pas de modèle unique ou de cahier des charges des maisons des 1000 premiers jours, qui peuvent être un centre de PMI, un relais petite enfance (anciennement RAM), une maison des parents, un lieu d’accueil enfant-parent, un centre social, une crèche, un tiers-lieu, etc. sous réserve d’une diversification de l’activité et du regroupement d’un panier de services en son sein.

La branche famille de la sécurité sociale (la Cnaf et son réseau de Caf) soutient ces initiatives. Via le volet 3 du Fonds national parentalité de la Caisse des Allocations familiales, une Maison des 1000 premiers jours peut être financièrement soutenue par la CAF à condition de :

  • Proposer une information et un accompagnement des parents s’appuyant sur les articulations entre les différents acteurs des 1000 premiers jours ;
  • Mettre en place des collectifs de parents tels que les groupes des 1000 premiers jours expérimentés dès l’automne 2021 par 8 Caf.

N’hésitez pas à solliciter votre Caf à ce sujet.

La Fédération salue les engagements politiques et les opportunités de financement relatives à la petite enfance, période déterminante pour le développement des enfants et leur bien-être. Elle souligne néanmoins qu’un investissement plus massif reste à acter pour soutenir les services existants, notamment les services de protection maternelle et infantile (PMI), en particulier dans leur dimension préventive, et développer une politique volontariste à destination de la petite enfance sur le long terme. Ainsi, des places de crèches doivent continuer à être créées, tout en portant une attention spécifique et en adoptant des mesures favorisant leur accessibilité aux enfants de familles précaires et familles monoparentales. Les structures de l’accueil, l’orientation et l’hébergement ou l’accompagnement vers le logement des familles doivent aussi être financées à la juste mesure des missions qu’elles accomplissent auprès des familles. La dimension de respect des droits des enfants et de réponses à leurs besoins, ainsi que de soutien à la parentalité doit être pleinement intégrée aux cahiers des charges de ces structures, et dès lors être financées de manière adaptée. Un travail partenarial avec les services de protection de l’enfance doit être favorisé au niveau national et local, tout en développant et soutenant en parallèle une politique de protection de l’enfance solidifiée dans sa dimension préventive.

De manière générale, les prestations sociales doivent évoluer afin de lutter contre le non-recours, d’assurer des conditions de vie dignes à toutes et tous et de mieux prendre en compte les évolutions des formes familiales, et pallier en particulier la fragilité économique des ménages monoparentaux, qui touche en majorité des femmes seules avec leurs enfants.

La Fédération des acteurs de la solidarité a eu l’occasion de présenter ses proposition lors de l’acte I de son Congrès national les 6 et 7 janvier 2022, qui peuvent être consultées sur son site internet. Elle continuera ainsi à plaider pour de nouvelles mesures visant à diminuer et prévenir la pauvreté des enfants et à lutter contre la reproduction des inégalités, en lien avec l’ensemble des partenaires et acteurs impliqués dans la protection des enfants et le soutien aux familles.