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28 juin 2022

Trois questions à… Peggy BOTTOLLIER de l’association ARS à Nancy, gestionnaire d’une pension de famille « passive »

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est une pension de famille « passive », et comment s’est monté ce projet ?

La résidence Myosotis gérée par l’association ARS est une pension de famille située dans le Grand Nancy, qui a une capacité d’accueil de 25 logements. Elle bénéficie d’une certification Passivhaus, un label allemand de performance énergétique qui certifie des bâtiments qui consomment peu d’énergie et peuvent se passer d’un système de chauffage conventionnel. Concrètement, cela se traduit par une « étanchéité » du bâtiment : il n’y a pas d’entrée d’air chaud ou froid, c’est par un système de ventilation en double flux que se fait le chauffage du bâtiment. L’isolation extérieure est également renforcée, en plus d’un triple vitrage. Ces caractéristiques permettent d’avoir une facture énergétique réduite, mais également un confort thermique pour les habitant·es et les professionnel·les, à toutes les saisons. Ce fonctionnement spécifique implique de passer par la domotique : par exemple, l’ouverture des fenêtres est automatisée quand il est mesuré une concentration trop importante de dioxyde de carbone dans l’air.

Le bâtiment a été construit sur une ancienne friche du CROUS par un architecte spécialisé dans la construction de bâtiments passifs, Rolf Matz, avec une maîtrise d’ouvrage portée par le bailleur social Meurthe-et-Moselle Habitat, dont c’était la première réalisation de ce type. L’ARS a signé une convention de gestion longue avec le bailleur. Sur le plan financier, l’opération a coûté au total 1,97 million d’euros, avec un montage financier qui a reposé sur des financements de la Caisse des Dépôts et Consignations (prêts PLUS et PLAI), de l’État, du Département et du Grand Nancy, ainsi que des fonds propres du bailleur social.

Dans la pratique, est-ce que le projet fonctionne bien ? Quelles sont pour vous les conditions de réussite à réunir ?

Après deux années d’utilisation, le bâtiment fonctionne bien. Il y a peu de problématiques constatées liées au caractère passif du bâtiment, et le contrat de maintenance n’est pas plus cher. Il a par contre fallu faire un travail de pédagogie envers les salarié·es et les résident·es de la pension de famille, pour faciliter l’usage des lieux. Un guide sur l’utilisation des locaux a par exemple été réalisé.

Cet accompagnement des usager·es du bâtiment est l’une des conditions de réussite, mais il y en a d’autres, comme la volonté politique qui a permis au projet de voir le jour. Il y a eu un fort soutien de la part de l’État et des collectivités (ville, intercommunalité, département), l’État a accepté de céder le terrain à Meurthe-et-Moselle Habitat avec une importante décote, dans le cadre de la loi de mobilisation du foncier public. La co-construction entre les différents acteurs mobilisés a bien fonctionné. Sur le plan technique, l’architecte qui a piloté la construction du bâtiment disposait aussi d’un vrai savoir-faire.

A l’échelle de l’association ARS, quelle est la politique plus générale pour contribuer à la transition écologique ?

L’association a mis en place un comité de pilotage Développement durable en 2017, transversal aux différents services et établissements. Nous avons été accompagnés pour cela par des étudiant·es d’une école d’ingénieurs locale, l’ENSGSI, qui en tant que stagiaires ont aidé à sensibiliser les salarié·es et structurer le COPIL. Le point de départ de la démarche du COPIL est de faire un diagnostic de l’ensemble des services, et d’identifier des pistes d’actions très concrètes, que ce soit sur la gestion des déchets, les économies d’énergies, etc. Si ce sont d’abord les salarié·es qui sont ciblé·es, l’enjeu est aussi de faire le lien avec les questions économiques qui peuvent préoccuper les personnes accompagnées, de montrer par exemple comment les économies d’énergie peuvent permettre de réduire les factures. L’enjeu pour l’association aujourd’hui est de continuer à animer ce COPIL et cette thématique du développement durable, alors que les actions engagées ne reposent que sur la bonne volonté de salarié·es bénévoles, qui font face à une charge de travail qui s’intensifie du fait du contexte actuel.