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19 juillet 2021

Retour sur le webinaire du 30 juin « Favoriser l’égalité professionnelle et lutter contre les violences sexistes et sexuelles au Travail : quels leviers d’actions pour les SIAE ? »

Ce premier webinaire, centré sur la SIAE dans sa mission d’accueil, d’intégration et d’accompagnement, s’est articulé autour de trois axes :

  • Déconstruire les stéréotypes de sexe dès l’orientation via le prescripteur vers un parcours IAE
  • Comment adapter les conditions et les outils de travail à la mixité
  • Comment accompagner et identifier les femmes victimes de violences sur le lieu de travail

Les témoignages de SIAE et de partenaires spécialisés ont permis d’appréhender les spécificités des violences sexistes et sexuelles, et les freins et leviers pour favoriser l’égalité professionnelle au sein des SIAE.

En attendant la diffusion du webinaire en replay, nous vous proposons un compte-rendu synthétique des différentes interventions.

Un grand merci aux intervenant·e·s !

Ouverture

Par Florent Gueguen, directeur de la FAS

Les femmes se retrouvent davantage exposées à la précarité et à la pauvreté et subissent davantage d’emplois à temps partiels et des postes en CDD que les hommes. Les SIAE, comme toutes les autres entreprises, sont confrontées à ces inégalités de genre. En 2019, elles comptent parmi leurs salarié.es en insertion 39% de femmes pour 63% d’hommes, avec une distinction significative selon la typologie des SIAE, et selon les activités exercées.

Face à ce constat, il est important de rappeler le rôle incontournable des SIAE pour lutter contre l’exclusion et accompagner vers et dans l’emploi les personnes les plus éloignées de l’emploi, qui sont principalement les femmes. Les SIAE, sont des actrices incontournables de la lutte pour l’égalité professionnelle et contre les violences sexistes et sexuelles, mais pour ce faire, il est primordial de rappeler le panel de ressources et d’outils nécessaires à mobiliser en leurs seins.

Introduction : les violences sexistes et sexuelles et la précarité

Ernestine Ronai, co-présidente de la commission violences au Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes (HCE)

Cette période de confinement a fait qu’un tiers des femmes ont perdu leur travail. Et un certain nombre d’entre elles sont du coup entrées dans la précarité.

1 femme sur 5 a dans sa vie professionnelle subi du harcèlement sexuel ; qui peut avoir des conséquences graves. La violence sexiste et sexuelle est un des modes d’entrée dans la précarité. Et inversement, si je suis dans la précarité je suis donc vulnérable et je vais avoir plus de mal à entrer dans le monde du travail. Et si j’arrive à y entrer et que je suis victime de violence sexiste et sexuelle, je vais avoir du mal à y rester.

De quoi parle-t-on quand on parle du sexisme ? Le HCE a défini le sexisme de deux façons :

  • Il s’agit d’une idéologie, d’un ensemble de croyances et de convictions que partagent un certain nombre de personnes. Ces convictions reposent sur le fait que les femmes sont inférieures aux hommes ; elles nourrissent des stéréotypes et des injonctions, qui ont pour effet de réduire les potentialités de chacun et chacune.
  • Il s’agit également d’actes : des gestes, des propos, des remarques, qui anticipent les violences sexuelles. Il y a un continuum entre la violence sexiste et la violence sexuelle ; c’est pourquoi il ne faut jamais banaliser, qui fait peur aux femmes parce qu’elles savent que ça peut aboutir à des actes. Le sexisme créé un environnement angoissant, inquiétant.

Les freins spécifiques des femmes dans l’accès à l’emploi et l’accompagnement des entreprises et des SIAE

Laëtitia Séréna-Bidalo, Directrice du CIDFF* 04 (*Centre d’Information sur le Droit des Femmes et des Familles)

Le CIDFF04 propose aux femmes, au travers son service insertion professionnelle,  un accompagnement individualisé vers l’emploi :

  • une approche globale et personnalisée de leur situation et des freins à l’activité professionnelle,
  • une information, une orientation et un accompagnement pour l’élaboration d’un projet professionnel, d’une recherche d’emploi ou de formation.
  • un soutien particulier aux femmes bénéficiaires des minima sociaux et à celles en situation de monoparentalité.
  • Concilier ses temps de vie : s’organiser dans sa recherche d’emploi nécessite une articulation entre vie familiale, vie professionnelle… Faire garder ses enfants, gérer les rdv de santé, organiser son fonctionnement familial (activités domestiques, déplacements…)… autant de facteurs qu’il sera nécessaire de solutionner avant de trouver un emploi…
  • Elargir ses choix professionnels : identifier ses compétences, ses savoirs être, ses savoirs faire n’est pas toujours chose facile… Et pourtant, savoir se connaître, mettre en valeur son potentiel permettra de rédiger un CV adapté, une lettre de motivation dynamique, de réussir son entretien d’embauche…
  • La mobilité : Quels sont vos besoins en matière de déplacements ? Comment envisagez-vous la mobilité ? Quelles solutions peuvent être apportées ?

Rédiger ses offres d’emploi de manière non genrée, et susciter des candidatures féminines sur des métiers très masculinisés (et inversement) sans discriminer

Nayemat Ibrahima, Directrice de la régie de quartier Passerelles 17

Partant du constat d’un manque de mixité important au sein de ses équipes (activités espaces verts et propreté urbaine), la Régie de quartier a amorcé un travail avec ses prescripteurs sur l’orientation des candidatures, en retravaillant la rédaction de ses fiches de poste. Elle a favorisé l’écriture inclusive, et développe des fiches illustrées pour combattre les préjugés liés aux postes proposés.

Par ailleurs, la Régie de quartier mène une réflexion sur l’égalité professionnelle et le consentement.  Suite à un conflit entre deux salarié.es, un homme et une femme, elle a mis en place des ateliers avec l’ensemble de l’équipe, en lien avec l’association Place des clichés, pour travailler sur ces questions. La démarche se poursuit sur la thématique des discriminations et des représentations.

Comment adapter la structure aux enjeux de mixité

Amina Abdoullahi, chargée de mission à l’association FETE (Femmes Egalité Emploi)

L’objectif de FETE est de faire avancer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans toutes ses composantes.

Pour cela, FETE met en place des actions en direction de différents publics : entreprises, syndicats, collèges, lycées, collectivités territoriales, professionnel·le·s de l’emploi et de la formation.

FETE déploie ses actions principalement dans les régions Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Hauts-de-France.

Elle a notamment réalisé une cartographie des pratiques des SIAE en matière d’égalité femmes-hommes, accessible ICI.

Comment favoriser la mixité des équipes

Michelle Aubrun, encadrante technique à Emergence(s)

Afin de remédier au manque de mixité de l’équipe qu’elle encadre autour de l’activité Hygiène et propreté des locaux, exclusivement féminine à son arrivée, Michelle a mis en place un plan d’action, sur la base de plusieurs constats:

  • Métier dévalorisé, associé au prolongement des tâches domestiques ;
  • Problèmes de santé repérés et peu exprimés : certaines personnes se mettent en danger pour conserver leur emploi, très majoritairement des femmes seules avec enfant(s) ;

Actions mises en place :

  • Travail avec les orienteurs/prescripteurs et anticipation des recrutements ;
  • Formation interne sur les représentations de genre ;
  • Formation collective adaptée F/H sur les gestes et postures ; partenariat avec une psychomotricienne ;
  • Travail en binôme avec l’accompagnatrice socioprofessionnelle, pour articuler accompagnement et production ;
  • Gestion anticipée des plannings pour faciliter l’articulation entre vie professionnelle et vie privée ; adaptation ponctuelle des horaires de travail en début de parcours, permettant de rechercher des solutions de garde d’enfant(s).

Quand les violences conjugales passent la porte du travail

Séverine Lemière, enseignante-chercheuse et présidente de l’association FIT Une femme un toit

Parallèlement au CHRS qu’elle porte, l’association propose des formations aux employeurs pour repérer les signes d’alerte, réagir si la violence survient sur le lieu de travail, orienter les victimes vers des structures spécialisées.

72,9% des victimes de violences conjugales indiquent que leur aptitude au travail en a été affectée.

  • S’absenter, être empêchée d’aller au travail ou être retardée :

En France, les femmes ayant subi des violences physiques ou sexuelles sont plus  nombreuses (près de 40 %) à avoir eu un arrêt de travail au cours des 12 derniers mois (contre 28 % pour les femmes n’ayant déclaré aucune agression) ;

Selon les études internationales, les jours de travail perdus du fait des violences conjugales vont de 5,5 à 33 jours par an.

  • De vrais enjeux pour les employeurs :

Enjeux de sécurité et de responsabilité pour la victime et pour ses collègues ;

Risque d’un lien latent entre violence au travail et violence conjugale : Parmi les femmes en couple et en emploi, celles qui sont en situation des violences conjugales sont 2 fois plus exposées aux violences au travail que les autres

  • Les employeurs peuvent agir :

Pratiques sociales et RH, sensibilisation et formation, communication, relais avec des associations spécialisées…

Accompagner spécifiquement des femmes en situation de  précarité

Sandra Gidon, Directrice de l’association ADAGE

ADAGE, Association D’Accompagnement Global contre l’Exclusion, accompagne des femmes en précarité vers l’insertion sociale et professionnelle par une démarche globale, tenant compte de tous les freins à l’insertion. La mission d’ADAGE se concrétise par la mise en place d’actions qui se déclinent à tous les moments de l’insertion, du groupe de parole au chantier d’insertion, dans le cadre de suivis individuels ou d’actions collectives. La professionnalisation des acteurs se décline tant au travers de formations que de groupes de supervision : Paroles De Femmes, Les Ateliers Du Lundi, Les Conf’échanges du Jeudi…

« Les Rencontres Du Mercredi » sont destinées à toutes les personnes intéressées par les thématiques de l’accompagnement et de l’insertion professionnelle. Elles proposent des moments d’échanges au travers du prisme de la méthodologie A.D.V.P (Activation du Développement Personnel et Vocationnel), méthode validée et reconnue car elle est centrée sur la personne et lui permet :

  • d’aboutir à un compromis entre elle et le marché du travail sans subir la loi de celui-ci
  • d’avoir la possibilité de faire ses propres choix, pour elle et par elle, à partir de ses désirs, valeurs, centres d’intérêt
  • de ne pas remettre son destin à un logiciel ou un expert qui définit pour la personne « ce qui est bon pour elle»
  • d’avoir la possibilité de gérer son itinéraire professionnel et personnel
  • de faire face aux aléas et chaos professionnel et économique

Rendez-vous en octobre pour notre second webinaire, consacré à la SIAE dans sa responsabilité employeur et sa mission d’insertion professionnelle (date à venir)

Vous pouvez consulter et télécharger nos fiches pratiques ici :

Fiche 1 : Pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes

Fiche 2 : Lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail