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18 février 2020

Réforme de la carte ADA : témoignage d’un demandeur d’asile

Depuis le 5 novembre 2019, la carte de retrait de l’Allocation pour demandeurs d’asile (ADA) est devenue une carte de paiement ne permettant plus d’effectuer des retraits d’argent. Malgré l’opposition unanime des associations de terrain contre cette réforme et un avis très défavorable de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), le gouvernement continue de mettre en application cette mesure qui complique la vie de milliers de personnes venues demander l’asile en France.

Témoignage d’un demandeur d’asile qui a connu l’avant et l’après réforme.

• Quels changements avez-vous constaté depuis la réforme de la carte ADA ?

Il y a eu de gros changement depuis la réforme de la carte ADA. Avant, elle pouvait me servir à retirer de l’argent pour payer le loyer de mon logement, et pour payer toutes les autres choses. Maintenant, je ne peux plus retirer de l’argent au distributeur, donc je ne peux plus payer le loyer. Alors on s’arrange avec des amis qui nous avancent de l’argent et qu’on leur rend dès qu’on en gagne un peu. La vérité c’est qu’on vit très mal parce qu’on n’a rien ici. C’est la galère pour moi et mes amis.

• Avez-vous des choses à dire sur le fait de ne plus avoir d’argent liquide ?

Avoir de l’argent liquide, ça nous fait du bien. On peut faire des choses. On se sent plus libre.
Maintenant c’est très compliqué. Il y a des magasins qui ne prennent pas la carte, d’autres qui ne prennent pas la carte en dessous en 10, 15 ou 20 euros… alors quand on a juste besoin d’un paquet de pâtes ou une petite chose, on est obligés d’acheter d’autres choses dont on a pas besoin pour pouvoir faire une carte.  Et quand on veut juste boire un café à 1 euro, on ne peut pas.

• Avez-vous trouvé des solutions pour contourner ces difficultés ?

On n’a pas trouvé de solution. Mais on se débrouille, on est parfois obligés de travailler au noir pour trouver de l’argent, rembourser les amis…

• Si vous aviez un message à faire passer aux décideurs politiques, lequel serait-il ?

Je dirais qu’ils n’ont qu’à nous aider à trouver des solutions plutôt que rendre nos vies encore plus difficiles.