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1 mars 2023

La Fédération Française des Banques Alimentaires publie son Étude « Profils des Bénéficiaires » 2022

«  L’aide alimentaire, un recours essentiel, dont ne peut pas se passer »

94% des personnes accueillies vivent sous le seuil de pauvreté

 

L’étude « Profils », menée auprès des associations, des C.C.A.S, et de leurs partenaires est réalisée tous les 2 ans par la Fédération Française des Banques Alimentaires.

À travers cette Etude, la FFBA dresse un constat alarmant, le nombre de bénéficiaires à triplé en 10 ans, passant de 820 000 personnes accueillies en 2011, à 2,4 millions en 2022.

En 6 mois, c’est + de 38% de nouveaux bénéficiaires et cela n’est pas près de diminuer.

Une diversité de profils bénéficiaires

Les résultats de cette étude sont sans appel,  en raison de la précarisation des salaires, des contrats de travail et de l’impact de l’inflation, la précarité alimentaire touche désormais une diversité de profils et n’épargne plus celles et ceux qui ont un emploi. Selon l’Insee, en novembre 2022, les prix à la consommation ont augmenté de 6,2% sur l’an, mais les prix de l’alimentation ont quant à eux augmenté de 12,2% et de 18,5% pour l’énergie. Pour rappel, le budget alimentation est la variable d’ajustement quand les factures et les prix des autres dépenses contraintes augmentent.

Cette situation alarmante concerne des parents élevant seuls leurs enfants, des chômeurs, des retraités, des travailleurs et des étudiants, ou encore des personnes sans domicile fixe et/ou en situation administratif précaire.

Les ménages sans ressources, les parents isolés et les personnes seules sont particulièrement touchés.

Deux tiers des personnes recourant à l’aide alimentaire ont des contrats à temps partiel, mais en raison de leurs faibles revenus, ils et elles ne sont plus en mesure de subvenir à leurs besoins alimentaires.

Les femmes représentent 71% des personnes qui ont répondu à l’enquête ce qui est révélateur du fait que parmi les personnes en précarité, ce sont elles qui sont principalement investies de la fonction de subvenir aux besoins alimentaires des foyers et représentent  90% des familles monoparentales accueillies à l’aide alimentaire.

 

la Fréquence du recours à l’aide alimentaire s’accroît : près de 6 personnes sur dix y ont eu recours une à deux par semaine, soit une hausse de 6% par rapport à 2020.

 

 

L’alimentation, deuxième poste de dépenses des personnes accueillies

Après le besoin d’écoute, l’aide alimentaire est la seconde demande exprimée par les personnes accueillies par les associations d’aide alimentaire.

L’alimentation demeure le deuxième poste de dépenses des personnes accueillies, soit une hausse de 14% par rapport à 2020, derrière le logement mais bien devant les facteurs d’eau et d’énergie.

 

 

Les personnes en situation de précarité alimentaire sont davantage touchées par des maladies chroniques et en surpoids

 

  • 71% des personnes interrogées déclarent au moins un problème de santé, et témoignent être davantage concernées par des maladies chroniques, avec une prévalence du diabète (16%) qui est bien supérieure à celle du reste de la population (5%), des maladies cardiovasculaires (16%)
  • 25% des personnes accueillies se déclarent en surpoids ou obèses.

 

Le rôle de l’aide alimentaire dans l’équilibre alimentaire

 

58% des personnes interrogées déclarent être sensibilisées à l’équilibre alimentaire, conduisant à une hausse des demandes en fruits et légumes des personnes bénéficiaires passant de 7% en 2014 à 32% en 2022.

Pour comprendre l’impact de la hausse des prix sur le comportement de consommation des bénéficiaires de l’aide alimentaire, les Banques Alimentaires ont réalisé une enquête en juin 2022 qui  a révélé à la fois que l’inflation impacte les comportements d’achat, la quantité et les choix des produits alimentaires des français.e.s, mais aussi un recours à l’aide alimentaire accru pour 8/10 personnes interrogées.

Afin de répondre au mieux aux besoins des personnes accueillies, la FFBA a fait le choix depuis 8 ans, de mettre en œuvre des actions de diversification des denrées pour augmenter la part des fruits et des légumes distribuées, représentant 24% du total des produits distribués.

L’accompagnement social : un soutien essentiel pour rompre l’isolement et rétablir l’estime de soi

L’alimentation est l’un des marqueurs les plus importants de la pauvreté et est représentative des inégalités sociales invisibles. Se nourrir est un élément structurant et fondamental de l’être humain. Ne pas pouvoir se nourrir à sa faim, impact de fait les habitudes de vies, les rythmes alimentaires, et participe au processus de précarisation en fragilisant les conditions de vie et la capacité à se projeter dans l’avenir. En effet, l’alimentation joue un rôle social important contre l’isolement et l’exclusion. Les temps des repas favorisent l’échange, la convivialité et le plaisir, mais aussi contribuent à valoriser la dignité et l’estime de soi, en donnant à tout être humain un rôle et une identité dans le partage et la relation à l’autre.

Deux personnes accueillies sur trois expriment le besoin d’être accompagnées. Cette proportion atteint même 78 % pour les étrangers et 95 % pour ceux qui sont hébergés par des services sociaux

70% des personnes accueillies déclarent être en demande de lien social et 36% participent aux activités proposées par les associations.

Préconisations portées par la Fédération des acteurs de la Solidarité

 

Au regard des difficultés et freins rencontrés par les personnes accueillies, hébergées et accompagnées au sein du secteur AHI pour accéder à une alimentation journalière et de qualité, et parce que l’accompagnement par l’alimentation devrait faire partie des prestations obligatoires et financées à hauteur des besoins des personnes concernées, la Fédération a souhaité engagé, dans le cadre du plan d’accompagnement 2022, une réflexion pour améliorer l’accès à l’alimentation des personnes hébergées et accompagnées au sein du réseau d’adhérents gestionnaires.

Améliorer l’accès et l’accompagnement par l’alimentation afin de répondre aux enjeux de précarité alimentaire, s’inscrit dans la réflexion plus globale portée par la Fédération sur l’amélioration des conditions d’hébergement, dans le cadre du Logement d’abord, dont l’objectif est de pouvoir offrir des conditions qui se rapprochent le plus près possible du logement. En effet, la hausse du nombre de personnes en situation de précarité alimentaire accueillies au sein de notre réseau est en constante augmentation. Une des raisons qui expliquent cette situation est qu’une grande partie des personnes hébergées sont étrangères et en situation administrative précaire. Cette situation de vie ne leur permet pas d’accéder à des ressources financières nécessaires pour se nourrir, et se retrouvent de fait, entièrement dépendantes de l’aide alimentaire. De plus, l’accès et l’accompagnement par l’alimentation des bébés et enfants demeurent des impensés des politiques publiques d’hébergements et des projets d’établissement, alors que celles et ceux-ci sont de plus en plus nombreux à être accueilli.e.s et hébergé.e.s au sein des établissements d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale.

C’est à ce titre, qu’il apparaît nécessaire de considérer la prestation alimenter et l’accompagnement par l’alimentation comme faisant partie intégrante des conditions pour sortir de la précarité et s’inscrire dans un parcours d’insertion réussi vers et dans le logement.