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27 novembre 2024

Journée nationale justice de la FAS, comment le travail social participe à la désistance

Quelle est l’importance de l’accompagnement social pour les personnes placées sous-main de justice ? Quel rôle joue-t-il dans la désistance, c’est-à-dire le processus de sortie de délinquance ?
En donnant la parole aux travailleur.euse.s sociaux.ales, conseiller.ère.s pénitentiaires d’insertion et de probation, juges d’application des peines, la journée nationale justice organisée par la FAS le 19 novembre dernier à Paris a favorisé l’interconnaissance. Une journée de travail nécessaire pour lever les préjugés et les représentations sur l’administration pénitentiaire et le travail social. Pour Danièle Jourdain Menninger, co-rapporteure de l’avis “Le sens de la peine” du Conseil Économique Social et Environnemental (CESE) : « Plus on ouvre de places de prison, plus on incarcère. Cet argent devrait plutôt servir à rénover les prisons suroccupées et indignes. »

 

La journée nationale justice « Travail social facteur de désistance » a été l’occasion pour les intervenant.es et les participant.es d’échanger, lors des tables rondes et des ateliers, sur l’importance de l’accompagnement social auprès des personnes placées sous-main de justice, et du rôle qu’il joue dans la désistance de la personne (parcours de sortie de délinquance). En donnant la parole à différent.es acteur.ice.s de la chaîne pénale, travailleur.euse.s sociaux.ales, conseiller.ère.s pénitentiaires d’insertion et de probation, juges d’application des peines, cet évènement a favorisé l’interconnaissance, nécessaire à la levée des préjugés et des représentations sur le secteur de la justice et sur le travail social en général.
Cette journée a notamment été l’occasion pour la FAS de présenter son plaidoyer sur ce sujet, à retrouver ici
Les réflexions relatives à l’accompagnement d’un public sous-main de justice vont se poursuivre le 5 décembre dans le cadre d’un webinaire sur la santé mentale des personnes placées sous-main de justice. Les inscriptions sont toujours ouvertes et nous vous y attendons nombreux.euses ! Informations et inscriptions ici.

Une journée nationale justice riche avec des intervenant.e.s engagé.e.s
En introduction, Pascal Brice, président de la FAS a rappelé que : « Incarcérer sans cesse plus de personnes, ne pas se donner les moyens de l’accompagnement, ne pas se questionner sur les conséquences des incarcérations massives est délétère pour la société et la dignité des personnes. »

Lors de la première table ronde de la matinée intitulée « travail social et désistance : quelle réalité dans les politiques publiques aujourd’hui ? », les participant.es ont pu entendre les prises de parole de Nicolas Bougeard, directeur de l’Etape Insertion et co-président du groupe d’appui national justice de la FAS, Romain Emelina, chef du département des parcours de peine à la direction de l’administration pénitentiaire, Danièle Jourdain Menninger, co-rapporteure de l’avis « Le sens de la peine» du Conseil Economique Sociale et Environnemental (CESE) et Nathalie Latour, directrice générale de la FAS.

Danièle Jourdain Menninger a insisté sur le fait que : « Plus on ouvre de places de prison, plus on incarcère. Cet argent devrait plutôt servir à rénover les prisons suroccupées et indignes. »

Nathalie Latour a déclaré : « Ne pas investir dans l’accompagnement social revient à ne pas investir dans la prévention de la récidive. Ces deux dimensions sont intrinsèquement liées et c’est la voix que nous devons porter. »

Romain Emelina a partagé les données chiffrées pour appuyer son propos : « Le placement à l’extérieur ne représente que 4 % des aménagements de peine. C’est pourtant une mesure efficace pour les personnes qui cumulent des problématiques (logement, accès à l’emploi…) ».

 

Lors de la deuxième table ronde intitulée « l’intervention des associations dans le parcours pénal de la personne : un enjeu de coordination et d’interconnaissance des acteurs », étaient présent.es Pénélope Alexandre et Jean Philippe Lavergne, respectivement intervenante socio-éducative et directeur de l’association ANAR58, Adeline Christin et Émilie Foque, référentes « droits sociaux » aux directions interrégionales des services pénitentiaires d’insertion et de probation de Dijon et Lille et Pierre-François Martinot, premier vice-président chargé de l’application des peines au tribunal judiciaire de Nantes.

Adeline Christin et Émilie Foque ont explicite le rôle des conseiller.ère.s pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP) dans l’accès aux droits, la construction de projets d’aménagement de peine et le maintien des liens familiaux. Pénélope Alexandre, a parlé des logiques de coopération entre les CPIP et l’association ANAR58 pour les placements à l’extérieur des personnes incarcérées.

Pierre François Martinot est revenu sur le rôle du juge d’application des peines, « qui tend à rendre la peine utile au-delà de sa fonction punitive ». Il a aussi donné son avis sur le placement à l’extérieur, « indispensable pour sécuriser les sorties de détention, notamment à la fin des longues peines. »

L’après-midi, des temps d’échanges et d’atelier ont permis de réfléchir avec les acteurs.rices de terrain sur l’articulation entre le travail social et les mesures de justice et sur l’importance des interventions en détention des associations issues du secteur de l’IAE, du logement d’abord, de l’addictologie et de la culture dans une logique de lien dedans dehors et de préparation à la sortie.