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1 juillet 2022

Enquête INSEE : « La crise sanitaire a accentué la précarité des bénéficiaires de l’aide alimentaire »

Environ 3 374 000 personnes ont bénéficié de l’aide alimentaire en 2021[1]

L’INSEE vient de publier son enquête « Aide alimentaire », réalisée entre le 15 novembre et le 10 décembre 2021, qui a permis de recueillir plus de 4500 questionnaires dans 235 sites de France Métropolitaine.

Le constat dressé grâce à l’analyse des données recensées confirme que la crise sanitaire a eu impact sur la dégradation des conditions d’existence, et en particulier au niveau des ressources financières des personnes bénéficiaires de l’aide alimentaire : 44% des recourants[2] interrogés témoignent d’une baisse de leurs revenus entre le début de la crise sanitaire en mars 2020 et fin 2021. A l’automne 2021, la moitié des nouvelles personnes en demande d’aide alimentaire y ont eu recours depuis moins de 2 ans, dont 43% y ont eu recours pour la première fois après le début du premier confinement.

Cette enquête révèle que les publics bénéficiaires de l’aide alimentaire sont désormais très hétérogènes, dont le profil varie en fonction du type d’aide distribuée. Désormais, les personnes fréquentant les distributions de repas sont à 77% des hommes, vivant le plus souvent seuls et ne bénéficiant pas d’un logement personnel. A l’inverse, la précarisation des familles, et plus particulièrement des femmes seules avec enfants progresse. Les principaux bénéficiaires des paniers alimentaires et des épiceries sont à 72% des femmes dont 40% élèvent seules un ou plusieurs enfants, à 29% des familles monoparentales et à 26% des couples avec enfants.

  • Méthode de calcul des bénéficiaires de l’aide alimentaire

Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire en France fait l’objet de débats récurrents, et les résultats obtenus varient en fonction de la méthodologie retenue.

La première source de calcul se constitue des données des activités des associations bénéficiant d’une habilitation à l’aide alimentaire. C’est la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) dans le cadre du Système d’information sur l’aide alimentaire (SIAA) qui a estimé pour l’année 2020 qu’environ 5,6 millions de personnes composaient les ménages inscrits auprès des associations habilitées.

En estimant qu’il existe 30% de multi-recourant·es dans les distributions alimentaires, la réalité serait plutôt de 3,9 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire.

Mais attention ces chiffres demeurent incertains et les différentes sources accessibles conduisent plutôt à recenser entre 2 à 4 millions de bénéficiaires de l’aide alimentaire en nature sur une année en France Métropolitaine (sont exclues des chiffres, les personnes résidants dans les territoires d’outre-mer).

  • Un profil plus isolé et plus précaire pour les recourants aux distributions de repas

La précarisation des jeunes en raison de la crise sanitaire a durablement impacté leur difficultés d’accès à une alimentation de qualité. De fait, 52% des recourants à l’aide alimentaire sont âgés entre 25 et 49 ans, et seulement 10% ont plus de 65 ans.

A l’hétérogénéité des profils, s’ajoute la diversité des situations de lieux de vie des recourants, qui diffèrent en fonction de la capacité ou non d’accès à des équipements de cuisine. Parmi les recourants aux colis et aux épiceries sociales, 83% vivant dans leur propre logement dont 52% dans un logement social, alors que pour les personnes fréquentant les distributions de repas, 68% d’entre elles n’ont pas de logement personnel et 23 % sont des personnes sans-abri.

  • La moitié des recourant·es de l’aide alimentaire sont des personnes étrangères

Cette enquête fait état que les personnes étrangères fréquentent deux fois plus souvent les distributions de repas que les autres publics.

  • Les recourant·es de l’aide alimentaire cumulent les difficultés

Le montant des revenus du ménage est un indicateur de la précarité qui ne peut être négligé. Les personnes recourants à l’aide alimentaire sont deux fois plus souvent allocataires des aides au logement et quatre fois plus souvent bénéficient du revenu de solidarité active (RSA).

La crise sanitaire a détérioré l’état de santé psychique de la moitié des recourants, ainsi que leur santé physique (31%), l’accès aux soins médicaux (30%). En effet, 15% des recourants de moins de 60 ans rencontrent des difficultés de santé et 22% pour celles et ceux de plus de 60 ans, en raison des difficultés d’accès aux soins. Force est de malheureusement constater que 42% des recourants à l’aide alimentaire renoncent aux soins pour des raisons financières.

[1] L’enquête statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) et l’enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages (CAMME)

[2] Est entendu par « recourant » la personne venant chercher l’aide alimentaire pour les autres « bénéficiaires » de cette aide.