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5 janvier 2023

En 2023, le travail…au service de la lutte contre la précarité

On l’a compris, 2023 sera l’année du travail, prélude au plein emploi. Mais de quel travail s’agit-il ? Quel plein emploi prépare-t-on? Celui qui repose sur un accompagnement effectif à partir des réalités de vie de chacun(e), que préfigure le contrat d’engagement pour les jeunes très précaires dont la FAS restera un acteur majeur? Ou bien la vision autoritaire que porte la dégradation de l’indemnisation du chômage ? Un engagement réciproque adapté aux envies, rythmes et capacités de chacun(e), ou une obligation de travailler en contrepartie du RSA ?

Nous ne connaissons qu’une forme de plein emploi pleinement utile aux  personnes fragilisées par la vie, à la cohésion sociale, au dynamisme de notre économie, à la mobilisation pour notre survie écologique et à la vitalité de notre démocratie: le plein emploi solidaire.

Voilà ce qui constituera en 2023, dans le cadre de notre projet fédéral, l’objectif structurant de l’action de notre fédération, de ses élus, de ses salariés, au niveau national comme dans les régions, avec nos adhérents. Le travail et le plein emploi peuvent être les leviers de la sortie de la pauvreté pour des millions de femmes, d’hommes et leurs enfants. Mais à la condition du volontarisme sinon rien n’arrêtera l’amplification des précarités dans et hors du travail.

Notre mobilisation, constructive et ferme, est d’autant plus indispensable que les chantiers avancent (France travail, expérimentation du RSA, Pacte des solidarités) sans que des réponses claires ne soient encore données sur la direction, les indispensables changements de méthode et les moyens de l’action publique pour la solidarité. Le vote en première lecture d’une proposition de loi pour ré-introduire la prison pour dettes pour impayés de loyers est l’illustration de ce qui pourrait constituer des dérives inquiétantes alors que montent les instrumentalisations du rejet des “assistés”. Nous continuerons à nous battre contre l’adoption définitive de ce projet rétrograde.

À chaque fois que nous pourrons construire, nous le ferons, comme nous l’avons fait pour développer l’accueil des femmes victimes de violences, l’insertion par l’activité économique ou encore les TZCLD, pour que le gouvernement renonce à réduire encore le nombre de places d’hébergement d’urgence en 2023 et amplifie le «logement d’abord».

Car la rue est la négation même de la possibilité de s’insérer socialement par le travail. Pensons à ces jeunes, souvent sortis de l’ASE, livrés à eux-mêmes, à ces chômeurs de plus de 50 ans en fin de droits, en ville comme en milieu rural.
Plutôt que des polémiques sur les chiffres (par nature sous estimés) que l’on sorte pour de bon de la gestion au thermomètre par une programmation pluriannuelle des places d’hébergement d’urgence, hors des hôtels, avec les moyens d’un accompagnement social adapté aux personnes, en lien avec une montée en puissance du logement d’abord et en désamorçant cette bombe à retardement que constitue la panne de la construction de logements sociaux.
Et là où il faudra résister, nous le ferons, avec force, lucidité et rigueur, par exemple si le gouvernement s’entêtait à porter atteinte à l’inconditionnalité de l’accueil tout en poursuivant la multiplication des OQTF et les entraves à l’accès au séjour au détriment des étrangers même lorsqu’ils ne demandent qu’à…travailler.  Nous continuerons à œuvrer pour que le gouvernement aille au bout de l’ouverture annoncée de l’accès pour des étrangers au séjour et au travail.

Et si l’on veut faire de 2023 l’année du travail, que ce soit celle du travail social. Il attend une considération, notamment mais pas seulement salariale, à la hauteur de son utilité sociale. Tant de jeunes – et de moins jeunes – attendent que l’on ne se contente pas d’incantations à la « valeur travail» mais qu’on lui donne du sens et du contenu en faisant confiance aux professionnels, en leur donnant les moyens d’agir. Le plein emploi solidaire : ils doivent en être à la fois les acteurs et les bénéficiaires, comme nos associations qui doivent d’urgence être accompagnées face aux chocs inflationnistes. Voilà ce qui mobilise notre fédération et nos adhérents en cette année 2023, de toutes nos forces solidaires.

Pascal Brice, Président de la FAS