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3 novembre 2015

Accès au logement des jeunes : une feuille de route peu ambitieuse

Dans une discrète lettre de mission datée du 24 septembre 2015, les ministres du Logement et de la Jeunesse, Sylvia Pinel et Patrick Kanner, ont confié au délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (DiHAL), Sylvain Mathieu, la responsabilité de renforcer l’accès au logement des jeunes.

S’inscrivant dans la continuité des engagements du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, et surtout du plan “priorité jeunesse” qui a fait l’objet d’un rapport d’évaluation alternatif très critique sous la plume de la plateforme Big Bang, dont la FNARS est membre, la feuille de route du délégué s’articule autour de trois sujets prioritaires :

  • l’évolution du modèle des FJT(foyers de jeunes travailleurs) ;
  • l’amélioration de l’accompagnement social des jeunes ;
  • un meilleur accès à l’information.

Si le document confère désormais toute sa légitimité à l’action interministérielle concernant le logement des jeunes, son caractère lacunaire et peu ambitieux peut laisser songeur, d’autant que les tâches énoncées déclinent faiblement les priorités identifiées.

Les missions qui incombent à l’institution relèvent, en effet, principalement de la coordination (piloter l’appel à projets pour l’innovation sociale, favoriser la participation des jeunes, animer le dialogue interministériel en matière de prévention des ruptures à la suite de parcours à l’ASE ou la PJJ), sans que l’accent soit mis sur la nécessité de renforcer la production ou la captation d’une offre locative adaptée et abordable.

La question de l’offre est effleurée sous l’angle de la planification territoriale (réunir des correspondants locaux chargés de faire valoir le logement des jeunes dans les documents de programmation) et de l’essor souhaité de la colocation et du logement partagé.

Enfin, la lettre évoque une énigmatique réforme du modèle des FJT, qui inclut pêle-mêle la rénovation énergétique des bâtiments, l’évolution du projet social des structures et un rapprochement des conditions de vie du logement ordinaire. On peut supposer que cette réflexion s’inscrit dans le sillage des travaux pilotés par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) en 2014 sur le régime juridique des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESSMS) autorisés et du statut unique – travaux dont les conclusions n’ont toujours pas été rendues à ce jour.

Ces quelques mesures ne parviendront toutefois pas à compenser l’exclusion des jeunes sans lien avec l’emploi du nouveau dispositif de garantie locative VISALE, les économies du projet de loi de finances sur les aides au logement des jeunes et le FONJEP, ou encore l’érosion croissante de la subvention étatique par opération de logement très social, seule offre potentiellement accessible aux jeunes.