02 octobre 2024
1 février 2024
La loi immigration
Pour cette deuxième édition de l’Oeil du Conseil régional des personnes accueillies et accompagnées, nous avons souhaité vous parler des étrangers, des migrants, des migrations, pour aller contre cette loi délétère et dangereuse.
Si on regarde l’histoire, c’est grâce à l’immigration que la France a pu se construire, se développer, avec des publics migrants qui occupaient des postes que les Français ne voulaient pas. Dans les mines vers Nancy et dans le Nord, de nombreux immigrés algériens travaillaient pour faire des métiers pénibles, sales, mal payés, très dangereux.
Ces personnes étaient loin de leurs familles, avec des risques pour leur santé mais ils continuaient à construire, à creuser, à bâtir.
Aujourd’hui encore, on constate qu’un jeune français de 24 ans n’a pas forcément envie de se lever à 4h du matin pour ramasser les poubelles.
Pendant la période du Covid, des personnes étrangères sans papier occupaient des postes non occupés par des personnes en arrêt de travail, avec des bulletins de salaire. L’Etat trouve un intérêt quand ça l’arrange. C’est pour ça que pour les métiers en tension, l’Etat est prêt à faire un geste mais seulement parce qu’il y trouve un intérêt.
Mais au-delà du travail et des difficultés de recrutement dans certains secteurs, il y a les situations individuelles des personnes. Les migrants et les migrations ne sont pas ce qui est relayé par de nombreux discours des hommes et femmes politiques.
Quand on discute avec des jeunes accueillis dans des Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), ils sont hyper motivés, ils veulent travailler. Une personne diplômée en médecine, issue de la Guinée, veut juste travailler, avoir un CDI, des revenus, obtenir des papiers. Cette personne raconte « On part, on ne sait jamais là où on va arriver, on veut juste rester en vie et s’en sortir. On quitte la Guinée, on arrive en Croatie, on traverse plusieurs pays sans manger, avec des enfants, on est dépouillés par les agents de sureté des différents pays traversés ».
Cette personne poursuit : « Je n’aurais jamais imaginé qu’un pays comme la France donne autant d’aides aux personnes », ce qui montre que les personnes ne viennent pas en France pour profiter des aides mais juste parce qu’elles n’ont pas le choix : « J’ai travaillé pendant la période du Covid et j’ai été considéré comme opposant au moment du coup d’Etat. J’ai été emprisonné dans un camp sans toilettes, avec très peu à manger, sans savoir ce qui allait arriver. Je suis finalement sorti mais j’étais coincé, je n’avais aucune perspective, je ne suis jamais retourné chez mes parents, j’ai dû fuir mon pays ».
Un autre témoignage sur un parcours de migration, d’une personne venant d’Algérie et qui raconte : « Quand je suis arrivé en France il y a 10 ans, je n’ai jamais pensé à faire une carte d’Aide médicale d’Etat (AME), je n’avais aucune idée des aides possibles. Je travaillais, je payais un loyer, j’avais une vie normale je n’ai jamais pensé à profiter du système. Puis je suis parti à Lyon, je me suis retrouvé à la rue, à installer ma tente, puis en foyer et c’est là que j’ai pris connaissance des différentes aides possibles, par le bouche à oreille puis par les travailleurs sociaux ».
« Chez les professionnels, il y a une démotivation pour remplir les dossiers et faire les demandes, les démarches, ils disent même aux personnes de ne pas faire les dossiers ou d’aller au rendez-vous. Les professionnels sont au bout du rouleau, lassés de devoir annoncer des obligations de quitter le territoire français (OQTF) aux personnes, ils n’ont plus d’espérance quant aux décisions ».
Mais il ne faut pas lâcher. En effet, cette loi, au-delà de la question de l’immigration, est un acte de plus dans une politique qui cible plus largement la pauvreté et les pauvres, qui sont montrés du doigt.
Pour finir, un dernier témoignage qui rappelle les préoccupations actuelles des personnes en précarité : « Quand on discute entre nous, avec des personnes en situation de précarité, ce n’est pas du tout le sujet de l’immigration qui préoccupe, c’est plutôt de savoir si on va pouvoir payer ses courses, manger à sa faim, trouver un logement, se soigner, s’occuper de ses enfants, vivre dignement sans avoir à réclamer…Une vie normale quoi. »
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