19 juin 2025
19 juin 2025
La santé mentale a été instituée “grande cause nationale” en 2025 par le Gouvernement qui reconnait que “les publics vulnérables sont particulièrement touchés par les problèmes de santé mentale” sans disposer de données concrètes sur ces publics. Les personnes migrantes, dont certaines peuvent être reconnues comme bénéficiaires d’une protection internationale, sont particulièrement concernées par le sujet car elles sont à la croisée des problématiques de santé mentale et de précarité.
Un “désaccueil” qui aggrave les problèmes de santé mentale
Les traumatismes liés à l’exil, documentés de nombreuses fois (cf ressources en fin d’article), mettent en lumière, en plus des blessures physiques et psychiques liés aux conditions des départs et de la violence généralisée des parcours migratoires, une aggravation de la santé mentale des personnes arrivées en France.
Plus d’un tiers des demandeurs d’asile ne peuvent pas accéder à un hébergement ou à un logement, ce qui détériore leur santé physique et somatique. Ce “désaccueil” participe à l’éloignement de l’accès aux soins et à la détérioration de la santé globale et mentale. Le Dispositif national d’accueil, dans sa configuration et avec ses moyens actuels, ne permet pas une bonne identification et une prise en charge rapide de troubles psychiques. Cette situation ne s’améliore pas nécessairement une fois le statut de protection internationale reconnu. En effet, l’offre de soins dans le droit commun est très inéquitable sur le territoire pour l’ensemble de la population, dont les bénéficiaires d’une protection internationale.
La prise en compte de la souffrance psychique devrait pourtant faire partie de l’accueil, et des différentes étapes d’intégration. La prévention et l’accès aux soins disposent de très peu de moyens alors que les professionnel.le.s du social, médico-social et du sanitaire ont besoin d’être outiller et que les accès à l’offre de soins pour les bénéficiaires d’une protection internationale devraient être facilités, comme pour la population en général.
Un enjeu de santé publique globale
Comme l’évoque le Centre Primo Levi concernant les personnes exilées “au vu de la gravité de leurs troubles psychiques et de leur spécificité, du nombre de personnes concernées et de leurs fortes interactions avec la société, leur souffrance constitue une réalité incontournable et un véritable enjeu de santé publique”. Pourtant, l’Etat peine à avancer sur ce sujet et à investir dans des solutions pérennes comme la clinique transculturelle, l’interprétariat, ce qui participe une nouvelle fois à l’invisibilisation de la souffrance psychique des personnes exilées, dont les réfugié.e.s. Les violences de genre sur le parcours migratoire et à l’arrivée en France sont aussi des facteurs aggravants non pris en compte par l’Etat.
Selon les chiffres du ministère de l’intérieur, dans son étude de décembre 2024 Les trajectoires professionnelles et résidentielles des réfugiés accompagné par le programme AGIR , 41 % des bénéficiaires d’une protection internationale entrant dans le programme AGIR déclarent avoir des problèmes de santé mentale un an après leur admission au séjour. Une nouvelle fois, ce chiffre révèle l’ampleur des manques de prévention et d’accompagnement sur ce sujet, même s’il est sans doute en deçà de la réalité car basé uniquement sur des déclarations.
Le programme AGIR subit des coupes budgétaires
Le programme AGIR, (Accompagnement Global et Individualisé pour les Réfugié.e.s), est censé, en plus d’être un guichet unique dans chaque département, devoir fournir un accompagnement vers l’emploi et le logement des personnes nouvellement reconnues réfugiées. Le nouveau (et quatrième) guide pratique AGIR de mai 2025 stipule que “l’opérateur AGIR doit faciliter l’accès aux soins notamment en matière de santé mentale” et que “ le programme 104 doit continuer à financer des programmes spécialisés complémentaires à AGIR sur le territoire et notamment ceux en lien avec la santé mentale”. Pourtant des coupes budgétaires massives ont été faites sur le programme et les difficultés prégnantes du secteur de la santé et a fortiori de la santé mentale persistent.
La priorisation par vulnérabilité (sans être clairement défini) sans moyens réels pour l’accès à la santé mentale et la prévention, semble totalement décorrélée des réalités et des besoins des personnes accompagnées par le programme. Alors que les équipes sociales parviennent à identifier les vulnérabilités psychiques et à mobiliser des partenariats sans moyens dédiés, leurs efforts tendent à invisibiliser les difficultés aux yeux du ministère de l’Intérieur.
Une réelle politique d’intégration doit pouvoir répondre aux problématiques de santé mentale, à tous les niveaux de l’accueil, de l’accompagnement et de l’hébergement, pour les personnes en demande d’asile comme réfugiées, dans un objectif de prévention et de santé publique globale.
Pour aller + loin, les rapports les plus récents de nos adhérent.e.s et partenaires
–> Et des formations et sensibilisation sur ces enjeux dispensées, entre autres, par le Centre Osiris https://www.centreosiris.org/trainings/exil-traumatisme-et-sante-mentale/ et l’Orspere Samdara https://orspere-samdarra.com/evenements-et-formations/formations/
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