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23 septembre 2025

Enquête sur les difficultés d’accès aux soins des personnes exilées en Ile-de-France

La Fédération des acteurs de la solidarité Ile-de-France a mené une enquête sur les difficultés d’accès aux soins des personnes en situation d’exil en Ile-de-France en reprenant l’enquête similaire menée par la Fédération des acteurs de la solidarité Hauts-de-France. Cette enquête s’appuie sur les retours de 48 professionnel·le·s de structures variées et permet de rappeler des éléments déjà soulevés par différentes enquêtes passées. Quelques éléments forts ressortent de l’enquête.

DES SOINS NÉCESSAIRES MAIS DIFFICILES D’ACCÈS

Les répondant·e·s mettent en avant de forts besoins en médecine générale, en soins en santé mentale, en soins dentaires ainsi qu’en soins de santé sexuelle pour les personnes qu’iels accompagnent. Iels constatent cependant de nombreuses barrières dans l’accès à ces soins, en particulier pour les personnes en situation administrative précaire (demandeur·euse d’asile, personnes à droits incomplets). Les principales difficultés énoncées sont d’ordre administratives (conditions d’accès à une couverture maladie, complexité des dispositifs), linguistiques (non-recours à l’interprétariat professionnel) et financières. L’état du système de santé de façon générale est par ailleurs en partie tenu pour responsable de ces difficultés, avec une saturation des services ainsi qu’un manque de professionnel·le·s dans certains territoires et certaines spécialités.

LE REFUS DE SOINS DISCRIMINATOIRE : UNE PRATIQUE ALARMANTE

Les personnes interrogées soulignent une récurrence dans les refus de soins discriminatoires, qu’importe le type de soin demandé (60% en rencontrent au moins une fois par mois). Les raisons évoquées sont généralement l’absence de couverture maladie ou le fait d’être bénéficiaire de l’AME ou de la CSS, la barrière de la langue et l’absence d’interprète, le statut administratif et les discriminations raciales ou ethniques. Ces refus, qui sont illégaux, ont pourtant des conséquences bien réelles sur la santé physique et mentale des personnes exilées. Certaines voient leur état de santé s’aggraver, quand d’autres renoncent aux soins, par peur ou manque de confiance dans les corps médical. Certain·e·s professionnel·le·s mettent en place des solutions face à ces refus, comme la présence physique d’un·e intervenant·e social·e ou la mise en place de partenariats avec des professionnel·le·s de santé sensibiliser à cette question, mais nombre d’entre-elleux ne signalent pas ces refus de soins à la CPAM de leur territoire ou aux services de la Défenseure des droits.

LA QUESTION DE LA SANTÉ MENTALE DES PERSONNES EXILÉES

La quasi-totalité des répondant·e·s considèrent qu’il existe un lien entre le parcours d’exil des personnes migrantes et les problèmes de santé qu’elles rencontrent. Les traumatismes vécus et subis dans le pays d’origine et durant le parcours migratoire conduisent certain·e·s à un psycho-traumatisme qui interagit négativement avec les démarches de soins. D’autres voient leur santé mentale se dégrader en France du fait de conditions administratives et de vie très précaires (parcours de rue, instabilité financière, difficultés d’accès aux soins, méconnaissance des dispositifs). Il est ainsi nécessaire de proposer une prise en charge adaptée à leurs besoins et de prendre en compte la spécificité de leur parcours et de leur situation.

Les résultats complets de l’enquête sont disponibles via ce lien.