23 mai 2025
22 mai 2025
L’enquête Femmes et sans-abrisme, quelles réalités. Volet 2, le phénomène vu par la veille sociale fait suite au premier volet de l’enquête menée par la FAS en fin d’année 2024 intitulée Femmes et sans abrisme : Quelles réalités ? Le phénomène vu par les SIAO[1]. L’objectif des deux volets de cette enquête est de documenter la féminisation de la précarité qui augmente et plus particulièrement du sans-abrisme des femmes, qu’elles soient seules ou accompagnées d’enfants.
Ce deuxième volet s’appuie cette fois-ci sur les dispositifs dits de veille sociale, à savoir les accueils de jour et les maraudes. En effet, ces dispositifs ont pour mission de rencontrer et d’accueillir les personnes en situation de grande précarité et de rue, notamment les femmes sans-abri. Aussi, toute structure implantée sur le territoire national métropolitain et ultramarin dont la mission est d’aller vers les personnes vivant à la rue, ou les accueillant ont été ciblées par cette enquête. Les structures bénévoles sont également concernées.
Ces travaux s’inscrivent dans une dynamique plus globale de documentation de la féminisation de la précarité et plus particulièrement du mal logement des femmes, qu’elles soient seules ou accompagnées d’enfant(s). Ainsi, à titre d’exemple, la Fondation pour le logement des défavorisés en a fait la thématique centrale de son rapport annuel en 2024 et la Délégation aux droits des femmes du Sénat s’est saisie de cette problématique en publiant, en octobre 2024, un rapport d’information formulant 22 recommandations, sur une réalité encore trop souvent ignorée. Si la politique du Logement d’abord menée par le Ministère du Logement produit des résultats encourageants pour l’accès au logement durable des personnes en situation de précarité, les besoins sont encore très prégnants. La loi de finances initiale pour 2025 prévoit une augmentation de 20,6 M€ mais l’utilisation de cette enveloppe reste encore inconnue tandis que le budget de cette politique publique reste insincère d’année en année, au risque de mettre en péril le devenir des dispositifs qui accueillent et accompagnent les personnes concernées.
Cette enquête permet une nouvelle fois de poser un constat alarmant et grave de la crise du sans-abrisme que connait la France et de la place du phénomène grandissant des femmes sans-abri. Il ressort des données obtenues dans le cadre de cette enquête que la veille sociale rencontre de plus en plus de femmes à la rue, mais aussi de familles (majoritairement monoparentales). Cela implique une part de plus en plus importante d’enfants à la rue, ce qui demeure inacceptable. Si les solutions d’hébergement existent, elles sont saturées, embolisées, et les relogements sont trop peu nombreux. Les durées d’errance calculées pour les femmes accompagnées par les maraudes et accueils de jour permettent d’illustrer la gravité de la situation. Il demeure nécessaire de donner les moyens aux structures pour leur permettre de garantir des prises en charges adaptées aux besoins des personnes concernées et ce, de manière pérenne et stable. Les parcours de rue doivent pourtant s’achever dès lors qu’une personne est prise en charge. Quant aux équipes sociales, il reste essentiel d’encore les renforcer afin de leur permettre d’accomplir leurs missions, déjà lourdes, sans lesquelles la mise en œuvre d’une politique de Logement d’abord ne saurait se déployer. Les renforcer par des moyens humains est nécessaire, mais également par des formations continues, des sensibilisations et par la création d’outils. Ceux-ci ont pour but de faciliter la prise en charge de publics dont les situations sont dramatiques, d’améliorer les réponses apportées individuellement aux personnes en fonction des souhaits et besoins. Permettre aux structures de s’adapter aux publics rendrait l’accueil plus adapté, sécurisé pour les femmes et pour les équipes.
[1] Retrouvez l’enquête ici : https://www.federationsolidarite.org/wp-content/uploads/2024/11/Enquete-SIAO-2024.pdf