03 décembre 2024
30 avril 2024
Le 11 avril dernier, Dijon a accueilli la journée Régionale IAE, un événement dans le cadre du processus collaboratif entre la DGEFP (Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle) et les réseaux de l’IAE (Insertion par l’Activité Économique). Cette rencontre avait pour objectif de contribuer à la rédaction de la “Feuille de route rénovée de l’IAE” prévue pour 2024, une initiative qui vise à renforcer les stratégies d’insertion professionnelle et sociale.
Pour explorer les retours d’expérience et les perspectives issues de cette journée de concertation, nous avons recueilli les témoignages de trois acteurs complémentaires de ce domaine : Bastien Cotterli, chef de projet et chargé de mission SEVE Emploi en Bourgogne-Franche-Comté, Jean-Philippe Lavergne, directeur de l’Association Nivernaise d’Accueil et de Réinsertion (ANAR, 58), et Jacques, un salarié actuellement en parcours d’insertion à la SDAT (21), qui a souhaité que son nom de famille et sa photographie ne figurent pas dans l’interview.
Qu’avez-vous pensé de cette journée de concertation ? Quels ont été les points positifs et négatifs selon vous ?
Jacques : C’était une journée dense, avec beaucoup d’implications que l’on ne connaît pas toujours. J’ai eu parfois un peu de mal à suivre, notamment en raison des nombreuses abréviations. Néanmoins, c’était une journée avec beaucoup d’apprentissages et assez plaisante.
Bastien : La journée a été riche en échanges et en débats. Elle a permis à tous les acteurs de la région de se retrouver, chose peu habituelle. Outre la co-construction de la nouvelle feuille de route IAE, les différents ateliers ont fait émerger des partenariats avec une réelle volonté de « faire ensemble ». Il y eu un vrai constat sur la nécessité d’unir nos forces et d’avoir une vision globale de la pluralité des dispositifs existants. Côté points négatifs, on regrette le fait que tous les thèmes n’aient pu être abordés.
Jean-Philippe : Cette journée a été constructive et dynamique. Cela a permis de mettre en commun des positions et des pratiques professionnelles au niveau des modèles économiques comme le développement de la commande publique en direction des structures de l’insertion par l’activité économique, de l’accompagnement durable vers l’emploi en développant les compétences expérientielles des salariés en transition professionnelle via les PMSMP (périodes de mise en situation en milieu professionnel) et des prescriptions ciblées dans les dispositifs de l’insertion par l’activité économique en renforçant les échanges partenariaux avec les prescripteurs.
Pensez-vous que la ligne que défend la FAS sur ce vers quoi doit tendre l’IAE a été bien prise en compte ?
Jean-Philippe : Oui au niveau du faire « collectif IAE » à l’initiative de la FAS cela a été pris en compte au vu des prises de paroles des différents réseaux de l’IAE, c’est une vraie force pour porter des stratégies communes et influer sur les politiques publiques pour améliorer et développer les dispositifs de l’IAE qui sont au cœur des écosystèmes économiques, sociaux et territoriaux et sont indispensables à la cohésion sociale de notre pays.
Avez-vous senti que la philosophie et les pratiques de SEVE Emploi ont été bien mis en avant dans cette concertation ?
Bastien : L’atelier 2 autour de l’élaboration du projet professionnel, formation et insertion dans l’emploi durable traitait des sujets centraux de SEVE Emploi. Le constat est plutôt encourageant : si les acteurs de l’IAE ont encore du mal à “aller-vers” l’entreprise et pensent encore leur approche en termes de « freins », les SIAE SEVE Emploi présentes ont pu porter un discours différent autour du lien entreprise et du projet professionnel des personnes. On espère que le message est passé et que cela va ressortir dans la feuille de route finale.
Jean-Philippe : Les dynamiques de SEVE Emploi ont été abordées en fonction des acteurs qui connaissent et pratiquent la médiation active. Toutefois, il est primordial que ces dynamiques liées à l’emploi durable puissent être valorisées et déployées à l’ensemble des dispositifs de l’IAE en adaptant pourquoi pas la formation SEVE Emploi via par exemple des modules en fonction des savoirs expérientiels existants dans les structures au niveau de l’emploi durable, du réseau entreprises et de sa fidélisation, de la sécurisation dans les prises de postes et du suivi dans l’emploi.
Dans un contexte de baisse annoncée des fonds alloués à l’IAE, pensez-vous que les travaux effectués dans le cadre de cette concertation vont permettre de réallouer des moyens à l’IAE ?
Bastien : Difficile à dire. Les personnes présentes et les présidents des différents réseaux ont tous tiré la sonnette d’alarme sur les problématiques budgétaire avec notamment le manque de visibilité sur le budget formation. La DGEFP et les services déconcentrés de l’Etat se sont montrés à l’écoute. Il faut maintenant prendre des mesures concrètes pour faire bouger les choses.
Jean-Philippe : Au vu du contexte actuel, je ne pense pas que de nouveaux moyens financiers seront alloués à court terme mais dans tous les cas, il faut continuer à se mobiliser et à faire valoir les bénéfices des dispositifs de l’insertion par l’activité économique pour les personnes vulnérables qui en bénéficient et pour lesquelles, nous sommes quasiment les seuls employeurs qui recrutent sans aucun critère à l’exception de la volonté de vouloir (re)travailler. En effet, cette mobilisation collective doit nous permettre de renforcer notre visibilité et ainsi mettre en exergue nos impacts sociaux, économiques et environnementaux pour des capter des fonds supplémentaires.
Pensez-vous que votre parole en tant que salarié en parcours a été prise suffisamment en compte lors de cette concertation ?
Jacques : Il était difficile de trouver sa place en tant que salarié en parcours qui, comme je le disais plus tôt, n’a pas connaissance de toutes les implications. J’ai participé à l’atelier 2 sur le projet professionnel et transitions vers l’emploi durable, et à l’atelier 3 sur le développement des territoires et de l’activité, mais j’ai plus écouté que parlé. La prise de parole était plus facile pour les directions. C’était bien d’y être associé, mais la journée n’était pas forcément organisée en ce sens.